L’histoire politique du Cameroun, écrite en 1956 au lendemain de l’interdiction du parti nationaliste l’Union des Populations du Cameroun, est en passe de se répéter, avec l’élection présidentielle prévue au mois d’octobre.
Quand Pierre Messmer arrive au Cameroun comme Haut-Commissaire en avril 1956, la scène, politique camerounaise est en pleine ébullition. Le fait majeur à cette époque est la reconnaissance publique du « nationalisme ». Avec la disparition officielle de l’Union des Populations du Cameroun et avec les nouveaux projets du gouvernement Mollet, le « nationalisme », longtemps considéré comme le masque du communisme et le fait d’une minorité d’excités, devient comme par magie un fait naturel, évident, acceptable…En apparence, ce « consensus nationaliste » n’est pas pour arranger les affaires du nouveau Haut-Commissaire. La campagne pour les élections législatives du 2 janvier 1956 avait montré au Cameroun, que le « vide politique » créé par le bannissement de l’UPC avait fait naître une sorte de course à l’échalote, une « surenchère démagogique », selon les termes de la presse française, entre des formations politiques camerounaises devenues subitement plus revendicatives. Mais cette évolution est en réalité une bonne nouvelle pour Messmer, qui cherche précisément, dans la droite ligne de Roland Pré, à promouvoir un « nationalisme modéré » capable de couper l’herbe sous le pied de l’UPC et de réduire son « nationalisme intégral ». De fait, cette fièvre pseudo-nationaliste masque mal l’incroyable opportunisme des nouveaux convertis. Opportunisme que les « joujoux » et « sucettes » prévus par la loi-cadre sont précisément venus encourager…
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