Nous continuons la série sur les déboires de Ruben Um Nyobé, le Secrétaire général de l’Union des populations du Cameroun, qui ont progressivement conduit à son assassinat le 13 septembre 1958. Nous avons déjà vu que depuis 1956, il était dans un dilemme, partagé entre les modérés de l‘Upc, partisans comme lui de la non-violence, et l’aile dur piloté par le trio Ouandié-Moumié-Kingue refugié à Kumba sous protection Britannique, partisans de la lutte armée.
Obligé d’appeler à un boycott actif des élections locales de décembre 1956, après la trahison de Paul Soppo qui a décidé en dernière minute de participer, brisant ainsi les accords préalables, il donne ainsi à l’administrateur colonial un bon prétexte, pour sortir l’artillerie lourde. Les auteurs du livre Kamerun qualifient ce qui se passa alors de boucherie, et décrivent que dans l’entourage de Pierre Messmer, on s’organise pour écraser la rébellion. Et on active les dispositifs de « défense en surface » élaborés dans les mois précédents. Des renforts sont expédiés en urgence autour des « points sensibles » et des « infrastructures stratégiques » du territoire : postes de télécommunications, dépôts d’hydrocarbures, voies ferrées, aéroports, etc. Dans la nuit du 19 au 20 décembre 1956, le Haut-Commissaire réclame d’urgence l’envoi de parachutistes. Un commando, venu de Bouar, saute quelques heures plus tard sur le terrain d’aviation d’Eséka, au sud d’Édéa, dans une région subitement coupée du monde par les « actions rebelles ».
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