Nous continuons avec la série sur les évènements de mai 1955, avec au centre le parti nationaliste l’Union des populations du Cameroun. Lors de la première partie, nous avons relevé comment le 15 mai 1955, alors que l’administrateur colonial inaugurait le pont sur le Wouri à Douala, les leaders indépendantistes tenaient un meeting dans la ville pour fustiger l’exploitation dont le peuple faisait l’objet et exiger leur libération.
La ville de Douala n’est pas la seule en ébullition à partir de ce 15 mai. Il s’enclenche dans toute la région du Mungo un vaste mouvement de révolte, attisé par des actions de représailles aveugles menées par les forces de l’ordre, comme dans les villages de Loum, Manjo, Penja ou Mombo. À Nkongsamba, chef-lieu de la région où se trouve Abel Kingué, les manifestants se dirigent, le 24 mai, vers la prison de la ville dans l’espoir de délivrer les « émeutiers » embastillés. Aux bâtons des protestataires et aux matraques des gendarmes se substituent les barricades et les grenades. À Loum, où les émeutiers sont parvenus à saccager la prison, les forces de l’ordre ouvrent le feu, le 25 mai, faisant – selon les chiffres de l’administration – six tués et cinq blessés parmi les manifestants. Les émeutes dureront encore plusieurs jours, comme en atteste une « opération éclair » organisée le 29 mai par les forces de l’ordre sur le village de Mombo, après que des habitants ont dénoncé un « rassemblement de quatre cents individus » dans cette localité.
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