Pendant que les militaires au pouvoir au Niger nomment le gouvernement et posent de plus en plus d’actes pour asseoir leur régime, la Cedeao multiplie des sommets et varie les discours. Le vent de l’Ouest est bien en marche.
La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, réunie la 10 août 2023 en session extraordinaire à Abuja au Nigéria, pour une deuxième fois depuis la prise du pouvoir au Niger par les militaires, a modéré son discours de menace tenue depuis le 31 juillet lors du premier sommet. La menace de recourir à la force militaire pour restaurer l’ordre constitutionnel a été dilué. Dans son allocution d’ouverture le président en exercice, le Nigérian Bola Tinubu a reconnu que « Malheureusement, l’ultimatum que nous avons lancé lors du premier sommet n’a pas donné les résultats escomptés », avant de proposer que la négociation avec le régime militaire au Niger doit être le « socle de notre approche. » Pour lui désormais, l’organisation doit engager « toutes les parties concernées, y compris les auteurs du coup dans des discussions sérieuses, afin de les convaincre de renoncer au pouvoir et de rétablir le président Bazoum », et pour ce faire il est du devoir de la Cédéao « d’épuiser toutes les voies de dialogue pour assurer un retour rapide à la gouvernance constitutionnelle au Niger ». Les discussions ont abouti dans l’après-midi à des résolutions finales, parmi lesquelles la décision d’activer la force d’attente de la Cedeao dans l’optique d’une intervention militaire. De retour dans son pays après le sommet, le président ivoirien Alassane Drame Ouattara s’est montré plutôt déterminé. D’après lui, les chefs d’État ouest-africains ont donné leur feu vert pour qu’une opération militaire « démarre dans les plus brefs délais » afin de rétablir l’ordre constitutionnel au Niger où des militaires ont pris le pouvoir il y a deux semaines : « les chefs d’état-major auront d’autres conférences pour finaliser les choses, mais ils ont l’accord de la conférence des chefs d’État pour que l’opération démarre dans les plus brefs délais. » Il a indiqué que la Côte d’Ivoire fournirait « un bataillon » de 850 à 1 100 hommes, aux côtés du Nigeria et du Bénin notamment, et que « d’autres pays » les rejoindront. Et de conclure : « les putschistes peuvent décider de partir dès demain matin et il n’y aura pas d’intervention militaire, tout dépend d’eux, nous sommes déterminés à réinstaller le président Bazoum dans ses fonctions. »
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