Dans le dernier épisode de la série sur les évènements de mai 1955 au Cameroun, nous aboutissons à la dissolution de l’Union des populations du Cameroun, suivie de la répression de ses dirigeants et militants. Tous les évènements orchestrés depuis le début de ce mois de mai il y a 70 ans par l’administration coloniale n’avaient que cette visée.
La bataille des interprétations de ces évènements se joue également dans la presse métropolitaine. Sans surprise, c’est la version de l’administration qu’étale, en gros titres et avec beaucoup de complaisance, la grande presse parisienne. « Un mouvement concerté suscite des émeutes au Cameroun », titre par exemple Le Monde dès le 29 mai. « L’UPC a déclenché les émeutes pour attirer l’attention de l’ONU », clame Philippe Decraene le lendemain dans Combat. Quant à Max Jalade, de Paris Presse l’Intransigeant, il se fait le zélateur de Roland Pré et le propagandiste de sa politique. Sur une pleine page intitulée « Voici les responsables de l’agitation au Cameroun » (à savoir les upécistes), il reprend point par point les arguments du Haut Commissaire, soulignant le « communisme » acharné de l’UPC, la « crédulité noire » de ses sympathisants, la « complaisance » de l’ONU à son égard. Et loue, par contraste, la « politique constructive et généreuse » de la France au Cameroun. Max Jalade voit tellement « juste » et est si bien « informé » qu’il paraphrase, sans le dire, la circulaire pourtant secrète de Roland Pré du 4 février 1955. Circulaire qui, coïncidence intéressante, expliquait par le menu comment organiser la « propagande » anti-upéciste… Face à cette propagande unilatérale, la presse communiste et anticolonialiste peine à faire entendre une autre voix.
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