Le premier président du Cameroun s’était arrangé pour s’arroger le pouvoir absolu sur toutes les affaires intérieures, les autres instances comme l’Assemblée nationale ou le Conseil des ministres étant réduites à des boîtes d’enregistrement
L’idée de la réunification qui a abouti au Cameroun en 1972, était aussi une astuce du président de la République fédérale du Cameroun, Ahmadou Ahidjo, pour concentrer tous les pouvoirs de l’Etat entre ses mains. Sous la fédération, il concevait mal que certains pans du pouvoir lui échappent, et c’est ce qui explique la manipulation régulière de la Constitution. Avant la réunification, chaque Etat fédéré avait un Premier ministre, mais comme le relève François Bayard dans l’Etat du Cameroun, Ahidjo s’était arrangé pour vider ces postes de toutes substances, avant de s’arroger le pouvoir de les choisir. Le régime étant de type présidentiel, le gouvernement n’a pas d’autorité propre et autonome par rapport à ce que lui confère le chef de l’Etat. Au Cameroun francophone, Ahidjo était parvenu à faire prévaloir une conception minimaliste du rôle du Premier ministre. En 1965, Charles Assalé, alors premier ministre, est renvoyé et remplacé par Vincent de Paul Ahanda, précédemment ambassadeur à Bruxelles. Désigné le 18 juin 1965, il se présente à l’Assemblée nationale pour un discours jugé de terne, se contentant de se référer au programme de l’Union camerounaise. Quand il voulut asseoir sa primauté sur le cabinet, il entra en conflit avec l’un des secrétaires d’Etat originaire du Nord comme Ahidjo. Quand il demanda au chef de l’Etat d’arbitrer, celui-ci refusa.
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