Sous le prétexte de développer le Nkam, des populations y avaient été importées par le pouvoir néocolonial. Mais en réalité c’était pour contrôler une zone propice à l’épanouissement des nationalistes. Et malgré ce projet de mise en valeur supposée, la zone reste l’un des plus sous développées du pays
Les pages de l’histoire s’intéressent aujourd’hui au déplacement de divers peuples dans les années 60 au Cameroun, ce qui est à l’origine d’une recomposition complexe des communautés, dont certaines ont de nos jours de la peine à retrouver leurs origines. Dans la région de l’Ouest, les auteurs du livre Kamerun décrivent par exemple ce qu’ils appellent l’opération Yabassi-Bafang entre 1966-1972. Ce vaste projet de « mise en valeur » du département du Nkam dans l’ouest du pays, entre les localités de Yabassi et de Bafang, concentre à l’époque à lui seul toutes les préoccupations – sécuritaires, politiques et économiques – et toutes les inspirations, coloniale et néocoloniale, française et israélienne, du régime Ahidjo. Lancé en 1963, ce projet reprend une vieille idée coloniale : celle du déplacement administré de populations considérées comme trop nombreuses et trop mal encadrées – les Bamiléké, en l’occurrence – pour les mettre au travail, selon la « rationalité » voulue par l’internationalisation des échanges marchands, dans des régions fertiles mais sous-peuplées. S’inspirant du transfert, par l’administration coloniale des années 1930, de certaines populations « Bamiléké » vers d’autres régions du Cameroun, le régime Ahidjo et ses conseillers français décident de concentrer leurs efforts sur le département du Nkam.
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