Le 1er octobre est rentré dans l’histoire du Cameroun, comme le jour où, en 1961, le Cameroun britannique et le Cameroun français se sont mis ensemble pour former la république fédérale du Cameroun. Le chemin pour y arriver ne fut pas un long fleuve tranquille, et les écueils laissés sur le chemin se sont au fil du temps transformés en fantômes qui continuent de hanter le pays en 2024, 63 ans après.
Cette année-là, d’après les historiens, dont les auteurs du livre Kamerun, alors que les militants upécistes réclamaient depuis des années, dans tous les coins du pays, l’indépendance et l’unification du Kamerun, deux processus qu’ils jugeaient inséparables, le président Ahmadou Ahidjo reprend à son compte le slogan de l’« unité » très rapidement après que lui a été livrée l’« indépendance ». Il suit en cela les Français qui, après s’être opposés à l’unification des Cameroun britannique et français, se sont convertis à cette idée sur le tard, une fois levée l’hypothèque upéciste. Pour la France, qui s’est assurée que le Cameroun oriental ne tomberait pas dans les mains des « communistes » de l’UPC, l’unification ne peut être qu’une bonne affaire : elle permet d’agrandir sa zone d’influence africaine, en privant l’ennemi héréditaire britannique d’une région riche en ressources agricoles et souterraines. Pour Ahidjo, comme du reste pour les responsables politiques camerounais en général, l’intérêt de la « réunification » est moins évident, car elle suppose le partage du pouvoir avec, de surcroît, des populations qu’ils considèrent, du fait de l’histoire et de la langue coloniales, comme étrangères. S’ils revendiquent officiellement cette réunification qu’ils redoutent secrètement, les antiupécistes ne le font que pour contrer leurs ennemis en se réappropriant leur programme.
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